Son père venait de se lever, et il lui avait apporté ses médoc en
silence, comme tous les matins. Il avait les traits tirés, un autre
signe de trouble, et il le regarda fixement tandis qu’il s’affairait,
avec une économie et une précision de gestes dans laquelle on
reconnaissait son enseignement.
L’ancien guerrier soupira soudainement, et s’exclama, malgré lui :
« Grands Dieux, tu es vraiment le portrait de ta mère, Lygatt…
- Vraiment, père ? répondit le jeune homme.
Avant, ou après qu’elle ait été tuée ? »
Le vieil homme resta silencieux, l’expression douloureuse.
« Tu as toujours été beaucoup trop fin pour ton propre bien, Lygatt.
-
On est curieux qu’à hauteur de son instruction, père, et vous m’avez
tout appris. A me battre, à me dissimuler, à ne faire confiance à
personne… »
Il resta silencieux un instant, puis murmura :
«
Ils vont venir, n’est ce pas ? Ceux dont nous nous cachons depuis des
années. Ils vont venir et, cette fois, vous ne fuirez pas… »
Sa voix menaçait de lui manquer. Il serra les dents.
«
Tu es en âge de pouvoir te débrouiller seul, et j’ai trop longtemps
survis à ce que me commandait mon honneur. Tu dois partir, dès
aujourd’hui.
_ Et vous ne me direz rien de plus. Pourquoi nous
sommes nous terrés, durant toutes ces années ?
Pourquoi n’ai-je pas le
droit de porter mon véritable nom ?
_ Rappelle toi, Lygatt, la colère
est toujours mauvaise conseillère. C’est la raison pour laquelle, pour
ta propre survie, je ne te dirais rien de plus. Tu en as déjà bien trop
deviné. Souviens toi de mes conseils, et pars, maintenant. »
Il songea à protester, mais serra encore les dents.
« Oui, père. Adieu. Puis les anges est avoir pitié de vous. »
Il était resté sur le replat de la roche pour les voir, connaître l’adversaire.
Il
attendit longuement, puis ils apparurent, trop furtifs hélas pour qu’il
en voie autre chose que des silhouettes, tous enveloppés dans les mêmes
manteaux bruns qui dissimulaient leurs traits. Ils s’emparèrent des
lieux, et traînèrent au dehors la silhouette prostrée et ensanglantée de
son père, dans l’attitude paisible de celui qui s’est dignement donné
la mort.
Cet honneur-là, au moins, ne lui avait pas été enlevé.
Marche droit devant toi, sans te retourner.
Le
jeune homme glissa de son poste d’observation, et commença à descendre
le flanc de la montagne, habillé comme un voyageur quelconque, le pas
rapide. Il devait mettre le maximum de distance entre ses poursuivants
et lui. Allait-il devoir vivre vingt nouvelles années d’errance et de
fuite,
seul cette fois ?
Gagne la plaine et fond-toi dans la masse. Mon enseignement t’y aidera.
Il
ressentait un curieux mélange de crainte et d’exaltation à l’idée
d’être confrontée au monde, et sentait de nouveau l’angoisse lui
tenailler le corps. Il ne devait pas faiblir.
Ne prononce jamais ton véritablement nom.
Un
jour, père, songeait le jeune homme, un jour je prononcerais, je
crierais ce nom, je lui rendrais assez d’honneur pour pouvoir le faire.
Je saurais pourquoi on voulait me faire mourir, et pourquoi vous avez du sacrifier votre vie pour sauver la mienne.
La
nuit était tombée. Le jeune homme rentra dans une taverne, maladroit il
ne sus quoi faire. Son regard se posa par la suite sur deux hommes
habillés de la même façon que les hommes qui était venu chercher son
père. Lygatt sortie de la taverne et attendit dans l'ombre comme son père le
lui avait apprit.
Plus tard dans la soirée, il avait eu les informations qu'il voulait…
Les corps des deux hommes jaillissaient sur le sol, la tête décapitée et les membres découpés...
Désormais, celui ci avait soif de vengeance et cessera ses actes une fois sa tache finit ...